UNE VILLE, UNE HISTOIRE ET LES ÉVÉNEMENTS IMPORTANTS DE NOTRE VILLAGE
1836 : Un violent incendie détruit tout un ensemble de maisons. Toute la population solidaire se met à l’œuvre pour les reconstruire Ce geste de fraternité fut souvent cité en exemple dans la région.
10 Février 1980 : Le village fut entièrement inondé sous plus d’un mètre d’eau à cause de la rupture de la digue d’un étang privé situé en amont du village.
Juin 1988 : Inauguration de la Salle Joseph Kessel, en hommage à cet illustre écrivain qui s’est éteint en 1979 dans sa maison d’Avernes.
Que nous réserve l’Avenir ?
La municipalité actuelle essaie de préserver le caractère rural du village, afin que les Avernois profitent d’une vraie vie à la campagne à quelques kilomètres de Paris, combien de temps cela durera-t-il ? La réponse se trouvera dans le futur Schéma Directeur de l’Ile de France.
La gare d’Avernes
La gare d’Avernes sur un réseau ferré pour désenclaver les régions agricoles « Une gare pour approvisionner Paris… » A partir de 1840, le réseau ferroviaire se développe principalement sous forme de radiales depuis Paris.
Histoires d’eau
Avernes, village baigné par les sources et les cours d’eau. Découvrez le patrimoine lié à cette eau et comment elle a contribué au développement du village.
le hameau de Gadancourt
Hameau de Gadancourt Cette commune a fusionné avec Avernes le 1er janvier 2018. Le petit hameau de Gadancourt a une position dominante exceptionnelle qui ne correspond pas à une origine de groupement villageois, mais plutôt à l'implantation d'une abbaye dans un site...
Sentier du Patrimoine
Voici la rando fiche du sentier du Patrimoine d’Avernes, à télécharger. Vous pouvez aussi accéder à toutes les fiches des sentiers des villages voisins sur la page du site du PNR Vexin.
Monographie rédigée en 1899 par l’instituteur
Les auteurs de ces monographies sont les instituteurs qui ont répondu à la demande administrative de leur hiérarchie de rédiger une étude communale.
Celle d’Avernes, rédigée par l’instituteur M. Eugène VIDECOQ,
Les sources d’Avernes
Situé au creux de vallons, le village possède de nombreuses sources. Cette particularité lui a valu son nom. Avernes est dérivé de « Vergne », nom gaulois de l’aulne, arbre poussant sur les terrains humide d’où Avernes : « endroit où poussent les aulnes ».
LE PATRIMOINE D’AVERNES
Le village
Le village d’Avernes se situe au creux d’un large vallon creusé par les eaux de ruissellement des pentes Nord des Buttes d’Arthies.
Les eaux de plusieurs sources, dont l’une captée qui alimente en eau potable les communes adhérentes au S.I.E.V.A. (Syndicat Intercommunal des Eaux de l’Aubette) s’ajoutent à celles qui proviennent des buttes avant d’être canalisées à travers l’agglomération. Les bois, prairies et vergers enserrent le village groupé en ordre serré autour de l’église et pénètrent fort avant aux abords des fermes.
Ce site privilégié a attiré la présence humaine depuis des millénaires. De nombreux silex taillés et polis, dont certains sont exposés au musée de Guiry prouvent l’existence d’un habitat aux temps préhistoriques. Actuellement des archéologues mettent à jour des vestiges de l’époque gallo-romaine et mérovingienne.
Cependant, le village actuel daterait, selon la légende, de l’an 885 où plusieurs familles seraient venues se réfugier dans des marécages proche de la forêt à l’annonce de l’arrivée de pillards Normands. Ils auraient fondé “Avernes ” du nom de l’arbre “Vernes” qui abondait dans cet endroit humide.
Nous supposons que le village prit de l’importance au XIII° siècle quand Louis IX dû vendre une partie de la forêt d’Arthies pour payer sa rançon à l’issue de la VIII° Croisade.


La mairie
D’importants travaux ont été effectués pour rénover notre mairie. Il est intéressant de voir la description de ce bâtiment construit en 1894. Cette description nous est relayée par M. Videcocq l’instituteur d’Avernes. Celui-ci y habita dans le logement de fonction en 1900.
“La mairie-école est située au centre du village, sur le chemin de grande communication n°43 d’Ecquevillly à Chaumont-en-Vexin (Oise), sur un terrain d’une contenance de huit ares entièrement entourés de murs.
De construction récente, elle se compose d’un seul pavillon comprenant le logement de l’instituteur et la mairie, derrière est placée la salle de classe séparée du reste de l’habitation par un préau vestibule.
Le logement de l’instituteur comprend au rez-de-chaussée deux pièces : cuisine et salle à manger et au premier étage quatre pièces dont deux donnant sur un palier et les autres ayant l’inconvénient de se commander, au-dessus grenier et le tout couvert en ardoise.
Les chambres et le grenier sont desservis par un escalier partant d’un vestibule qui sépare la salle de la mairie de l’habitation de l’instituteur. Une porte située au fond de ce vestibule donne accès à la cave placée sous la salle à manger.
On pénètre dans le logement de l’instituteur et dans la salle de la mairie au moyen d’une porte vitrée à deux vantaux. Le mur de clôture situé devant la façade de la maison est surmonté d’une grille en fer ; deux portes également en fer (une grande et une petite) donnent accès dans la cour.
À gauche de la porte d’entrée sur la grand route se trouvent adossés une buanderie et un bûcher, et à droite sont placés la remise de la pompe à incendie et le corps de garde.
Dans la cour des élèves sont installés le préau, les cabinets et les urinoirs. Une basse cour entourée d’un grillage est établie dan un coin du jardin, elle possède quatre niches à lapins, un poulailler et un petit hangar”.
De nos jours, on peut s’étonner de l’imbrication du logement de l’instituteur et des locaux municipaux proprement dits. Il en était tout autre à cette époque où l’instituteur faisait partie avec le maire et le curé des autorités morales de la commune. L’instituteur participe activement à la vie de la commune. Il est secrétaire de mairie ; par sa fonction, en instruisant les enfants, il a le contact avec toutes les familles. Il connaît les problèmes de ses concitoyens et peut les aider à régler ceux-ci.
Dans la description faite du bâtiment on remarque que des changements sont déjà intervenus entre 1900 et nos jours. Une précédente restauration du parvis a fait disparaître le mur de clôture et la grille en fer en bord de route. La basse cour et les niches à lapins ont disparu.


L’église
Le village d’Avernes se situe au creux d’un large vallon creusé par les eaux de ruissellement des pentes Nord des Buttes d’Arthies.
Les eaux de plusieurs sources, dont l’une captée qui alimente en eau potable les communes adhérentes au S.I.E.V.A. (Syndicat Intercommunal des Eaux de l’Aubette) s’ajoutent à celles qui proviennent des buttes avant d’être canalisées à travers l’agglomération. Les bois, prairies et vergers enserrent le village groupé en ordre serré autour de l’église et pénètrent fort avant aux abords des fermes.
Ce site privilégié a attiré la présence humaine depuis des millénaires. De nombreux silex taillés et polis, dont certains sont exposés au musée de Guiry prouvent l’existence d’un habitat aux temps préhistoriques. Actuellement des archéologues mettent à jour des vestiges de l’époque gallo-romaine et mérovingienne.
Cependant, le village actuel daterait, selon la légende, de l’an 885 où plusieurs familles seraient venues se réfugier dans des marécages proche de la forêt à l’annonce de l’arrivée de pillards Normands. Ils auraient fondé “Avernes ” du nom de l’arbre “Vernes” qui abondait dans cet endroit humide. Nous supposons que le village prit; de l’importance au XIIIe siècle quand Louis IX dû vendre une partie de la forêt d’Arthies pour payer sa rançon à l’issue de la VIIIe Croisade.
L’Ecce Homo
L’Ecce Homo, qui est conservé dans l’église Saint-Lucien d’Avernes, a été attribué par des historiens d’art spécialistes de la peinture du XVIIe siècle au peintre Claude François, dit frère Luc.
Cette attribution, ainsi que la belle qualité de l’œuvre après sa restauration en 2001, a permis de le présenter à la commission départementale des objets mobiliers qui s’est réunie à la Préfecture le 6 octobre 2015 qui a décidé de l’inscrire au titre des Monuments Historiques, et de le présenter par la suite à la Commission nationale des Monuments Historiques.
Description
À gauche, drapé dans un grand manteau pourpre, Ponce Pilate debout sur une estrade s’accoude à un autel en pierre. Le rouleau qu’il tient négligemment dans sa main droite porte l’inscription : ‘VOILÀ L’HOMME’ et sa main gauche frôle l’épaule de Jésus.
À l’arrière, un soldat coiffé d’un casque à panache et muni d’un étendard maintient les cordes qui lient les mains du condamné, couronné d’épines, qui se tient debout dans un léger contraposto rejetant son buste en arrière. Marie Madeleine, agenouillée à ses pieds, essuie humblement ses jambes de sa longue chevelure blonde, répétant son geste de pénitence. À droite, le manteau gonflé de saint Jean trahit son empressement auprès de la Vierge défaillante.

© photo A. Maugin/ Conseil départemental du Val-d’Oise/ CAOA
h =180 cm , L = 200 cm (avec cadre)
Claude FRANCOIS – XVII° siècle
Huile sur toile

Historique
La paroisse d’Avernes a acheté ce tableau en 1809, avec un autre de la Vierge qui a aujourd’hui disparu.
L’inscription qui identifiait l’oeuvre comme une copie de Rubens, date d’une restauration qui a été effectuée en 1890. Mais la référence à Rubens est une extrapolation de l’auteur de cette première intervention, sans doute due aux couleurs claires et au style puissant de la composition et des personnages.
Le style de ce tableau a permis à plusieurs historiens de l’art, dont Didier Rykner, de l’attribuer au peintre Claude François (1614-1685), plus connu sous le nom de frère Luc, puisqu’il rentra dans l’ordre franciscain des Récollets en 1645. Il eut une entière carrière de peintre : en 1632 à Paris il entre dans l’atelier de Simon Vouet ; il part à Rome en 1634 et regagne Paris en 1639. Pendant toute sa vie de religieux il continua à peindre et notamment au Canada où il partit en 1670.
Le 21 octobre 2001, la municipalité a présenté officiellement le tableau restauré de l’église d’Avernes, en présence de Monsieur Christian Olivereau, conservateur des Antiquités et objets d’art du Val d’Oise au Conseil général.
C’est ainsi qu’aujourd’hui, en entrant dans l’église, nous pouvons admirer cet imposant tableau aux couleurs chatoyantes.
Nous remercions Madame Catherine Jordan, la restauratrice et Madame Evelyne Conté, la rentoileuse, pour leur talent qui a permis à ce tableau de revoir le jour et de figurer aujourd’hui à part entière parmi les objets d’art de notre patrimoine.
Ci-contre une autre œuvre de Frère Luc, notez les similitudes. Conservée à Notre Dame Sainte-Croix-des-Arméniens à Paris.
L’orphelinat national des Chemins de fer Français
C’est dans notre village, en 1904 qu’à été créé, à l’initiative du Syndicat National des Cheminots, le premier orphelinat. Les fonds du syndicat étant insuffisant, c’est après l’organisation d’un loterie nationale que fut acheté, en 1911, le château d’Avernes. Les premiers enfants y furent accueillis dès le 25 mai 1911.
Avernes est donc, pour ce syndicat, le lieu emblématique de la création de cette œuvre sociale. Pendant la guerre, l’orphelinat accueille des enfants victimes du conflit, aux côtés des pupilles. Puis, l’orphelinat s’ouvre au syndicat national des P.T.T.
Un deuxième établissement s’est ensuite ouvert au Vésinet. Ces deux établissements ont aussi accueilli des orphelins victimes de la guerre civile espagnole, puis des orphelins vietnamiens lors de la guerre d’Indochine.


Un troisième établissement fut également ouvert au Pecq, en 1948, et un quatrième en Algérie. Ce dernier établissement sera cédé par l’ONCF aux cheminots algériens lors de l’indépendance.
En 1952, la S.N.C.F. supprime sa subvention au motif que l’association n’était pas ouverte à l’ensemble des cheminots, mais seulement aux syndiqués.
C’est en 1960 que l’ONCF s’ouvre à l’ensemble des cheminots, et qu’elle reçoit à nouveau la subvention de la SNCF.
Dans les années 70, de moins en moins d’orphelins de cheminots y étant accueillis, l’organisme s’ouvre aux enfants de la DDASS, ce qui modifia sa politique.
Finalement, l’établissement d’Avernes sera fermé en 1985.
Tous les anciens d’Avernes se souviennent sûrement des défilés et des fêtes organisées dans notre village à cette époque.
En 2004, l’ONCF compte 34 500 adhérents, pour 842 orphelins.
Le couvent
L’existence d’un couvent à Avernes est liée à celle bien plus ancienne d’un temple Huguenot.
En effet, la tradition populaire veut que Calvin, fondateur de l’église réformée soit venu se réfugier durant l’année 1534 chez son ami le seigneur d’Hazeville, après le scandale provoqué par le discours prononcé à la Sorbonne par son recteur Nicolas Cop (1533).
Il y aurait commencé à rédiger son livre intitulé “l’Institution chrétienne“.
Le pavillon de Calvin situé près du château, fut détruit par une bombe américaine durant la dernière guerre.
Ce fut là et dans les environs que Calvin commença ses prêches d’une autorité considérable, à tel point qu’il réussit à convertir plusieurs seigneurs du Vexin, qui entraînèrent leurs paysans dans de nouvelles pratiques religieuses.
Mais il s’agit d’après certains historiens d’une légende qui ressemble à s’y méprendre à un “mythe fondateur” qui convient aussi bien aux protestants qu’aux catholiques.


Catherine de Médicis interdit le rassemblement des huguenots à Meulan.
C’est alors à Avernes qu’ils décidèrent d’établir leur temple. On attribue à Avernes le privilège d’être le plus ancien temple français (1563). Ce temple exista jusqu’en 1685, date où le roi Louis XIV, révoquant l’édit de Nantes, en ordonna la destruction.
C’est un an plus tard, le 22 août 1686 que ce même roi fit don de l’emplacement et des démolitions de ce temple pour y bâtir un couvent avec une “ecolle” afin d’y instruire les enfants du village.
Depuis cette date et jusqu’à nos jours, des sœurs vécurent sans interruption à Avernes, de 1686 à 1986 des sœurs de l’ordre de saint Vincent de Paul, et depuis des sœurs de la congrégation des Ancelles du Sacré Cœur.
Même durant la révolution française, nous savons que le citoyen Président du département de Seine et Oise qui avait ordonné l’expulsion des sœurs et la vente aux enchères de leur maison, a dû revenir sur sa décision pour répondre à la demande de la population qui s’opposait à cette exécution. Cette même population qui avait transformé l’église en temple de la raison d’où les mots “liberté, égalité, fraternité” gravés sur le porche et qui avait fait guillotiner son curé Ferdinand de Caix.
Mais on ne touche pas aux sœurs ! …
Ce n’est qu’en 1856 qu’elles quittèrent l’ancien temple pour s’installer dans une nouvelle demeure, don de Louis Octave de Boury et de sa femme Mathilde Roger de Gadancourt. Cependant il était stipulé que la communauté devait “entretenir à perpétuité dans la commune d’Avernes, deux ou trois sœurs chargées de l’instruction des jeunes filles et du soin des malades“.
C’est pourquoi, dans la commune d’Avernes jusqu’au début du XXe siècle, il n’y avait qu’une école de garçons, les filles allant toujours chez les sœurs.
La construction de la chapelle date seulement de 1896.

Incendie chez les sœurs
Un incendie s’est déclaré le mardi 4 novembre 2003 vers 19h45 chez les sœurs au moment où les cinq religieuses priaient dans la chapelle.
Selon les premières constatations, le feu est parti de la scène de théâtre située dans la grande salle. Les flammes ont gagné le garage et commençaient à atteindre l’étage et la toiture au moment où sont intervenus les pompiers.
De nombreux Avernois regroupés le long de la route assistèrent désolés et impuissants à cette catastrophe. Un mouvement de solidarité s’est vite manifesté, chacun essayant de réconforter comme ils le pouvaient les religieuses. Les rôles étaient pour une fois inversés.
Témoignage de xavier lerdu
J’ai été, comme de nombreux enfants du village, un client assidu des sœurs. Dès ma naissance où, au dispensaire créé par le docteur Clarisse, l’on s’évertuait à me peser, mesurer, et malgré moi me vacciner. Du dispensaire à la garderie, il n’y avait qu’une porte à franchir. Sœur Angèle s’occupa de moi en me faisant tracer des pages entières de bâtons, de ronds et le comble. À l’âge de 5 ans, elle m’apprit coudre, à tricoter et à faire de la charpie.
C’est encore chez les sœurs que j’ai appris avec Mlle Saint-Etienne à lire, écrire et compter. J’y ai rencontré des soldats américains qui, comme chaque année, venaient à Noël du S.H.A.P.E. de Saint-Germain pour offrir des cadeaux aux petites orphelines.
J’ai assisté aux spectacles des jeunes d’Avernes et je suis même monté une fois sur scène pour jouer le rôle d’un des 7 nains dans Blanche-Neige. Ce devait être sûrement celui de Grincheux. Je me vois bien dans ce personnage. Pourvu que ma hache sculptée dans un morceau de bois par mon père n’ait pas brûlé dans ce dernier incendie…
Quittons les souvenirs, car je risquerais bien de subir encore une fois les quolibets de certains avernois cachés derrière leur bouclier “armure peu stratégique servant de rempart défensif et protecteur”.
En conclusion
La présence des sœurs à Avernes a marqué la vie de ce village. La population a toujours apprécié leur dévouement. Elles ont su par leurs qualités se faire aimer de tous. C’est pourquoi nous tenons à leur présence et que nous avons eu si peur lors de cet incendie en 2003 qui heureusement n’aura pas fait trop de dégâts et honte à celui qui a profité de ces moments troublés pour pénétrer dans leur propriété afin de les cambrioler.
La maison de joseph kessel
Romancier, aventurier, journaliste et reporter, né le 10 février 1898 à Villa Clara (Argentine) et mort le 23 juillet 1979 à Avernes (Val-d’Oise).
Fils de Samuel Kessel, médecin juif d’origine lituanienne, Joseph voit le jour en Argentine avant de partir de l’autre côté de la planète, à Orenbourg, dans l’Oural, berceau de sa mère. Il n’arrivera en France qu’en 1908.
En 1914, il est infirmier brancardier. En 1915, il est licencié de lettres et fait ses débuts de journaliste au Journal des débats, dans le service de politique étrangère. En 1916, il est reçu au conservatoire d’art dramatique, et fait quelques apparitions au théâtre de l’Odéon, avant de se porter volontaire dans l’artillerie puis dans l’aviation.
La vie aventureuse et romanesque de Joseph Kessel est lancée, et transpirera bientôt dans ses premières œuvres littéraires. En mai 1943, Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon composent les paroles du « Chant des Partisans », qui deviendra le chant de ralliement de la Résistance. Plus tard, Kessel publiera « L’Armée des Ombres », en hommage à ces combattants. À la Libération, il reprend son activité de grand reporter.


Ses voyages l’emmèneront jusqu’en Afrique, en Birmanie et en Afghanistan. Autant de voyages qui lui inspireront ses chefs-d’œuvre romanesques : le Lion, Les Amants du Tage, La Vallée des Rubis, Les Cavaliers…
En 1961, Joseph et sa femme Michèle, cherchent une maison en dehors de Paris. Ils trouvent, par un ami, “à Avernes, une longue bâtisse poétiquement nommée le Four à chaux de Marie Godard, entourée d’un hectare et demi de prairies et de bois. Trois grandes pièces chauffées, des cheminées profondes, une cuisine à l’ancienne au rez-de-chaussée, et, à l’étage, trois vastes chambres, un bureau et des salles de bain, avec au plafond des poutres séculaires.”
Un an plus tard, consécration ultime, il entre à l’Académie Française. Et c’est le 23 juillet 1979, suite à une rupture d’anévrisme, qu’il s’éteint au 3 rue du Ruisseau à Avernes. Il est enterré au cimetière de Montparnasse, mais son nom orne toujours notre salle des fêtes.
L’histoire d’avernes
1722
La justice, une revendication de M. Ferrand d'Avernes 1722-1727
Il représente la loi et c’est à lui que revient la charge de la faire appliquer. Mais dans l’organisation administrative du moyen âge, le pouvoir royal est bien loin. Selon le système pyramidal d’exercice des pouvoirs (de Suzerain à Vassal) le roi délègue son droit de haute, moyenne et basse justice au seigneur du lieu, c’est-à-dire le jugement et l’exécution de celui-ci, laissant au justiciable en cas de désaccord le recours au tribunal royal.
Pour faire un parallèle avec notre époque, nous pouvons faire correspondre la haute justice avec la cour d’assise, la moyenne justice avec le tribunal correctionnel, et la basse justice avec le tribunal de simple police.
Le territoire de la paroisse d’Avernes est calqué sur le cadastre Gallo-Romain, et à part quelques très légères rectifications, ce sont les limites actuelles de notre commune. Ce territoire n’a jamais été dans son ensemble le bien d’un seigneur mais a toujours été morcelé en plusieurs propriétés d’où l’expression Seigneur d’Avernes en partie. De ce fait le seigneur justicier possède des droits sur des terres ne lui appartenant pas.
Au fil des temps, le pouvoir royal se renforce et son organisation administrative s’étoffe, le droit de justice d’Avernes tombe en désuétude et va disparaître par suite de mutation ou faute de personnes désirant en être responsables. Ce processus est courant dans toute la France : c’est l’époque des guerres de religion et de nombreux seigneurs ayant soutenu la ligue sont condamnés et ils perdent une grande partie où la totalité de leurs pouvoirs, d’autres préférant délaisser au roi l’exercice de la justice en ces temps troublés.
Au nom du Roi Henri IV c’est désormais le baillage de la ville de Meulan qui a la charge de traiter les affaires de justice de la paroisse d’Avernes. En juillet 1722, M. Ferrand d’Avernes demande au roi Louis XV l’érection de sa terre en Marquisat avec rétablissement de la haute, moyenne, et basse justice (requête qui fut refusée à cette époque).
Pourquoi le Seigneur Ferrand entame-t-il une action qui semble aussi rétrograde : vouloir rétablir la justice d’Avernes ?
La raison n’est pas seulement le goût du pouvoir et celui des honneurs. Elle est beaucoup plus simple : deux seigneurs se partagent la majeure partie du terroir d’Avernes ; ce sont les seigneurs Ferrand et de Boissy qui se haïssent. Tous les efforts de Ferrand consistant à chercher un pouvoir de pression sur son rival et celui de haut justicier en est un.
Un incident va exacerber les rivalités et déclencher le conflit : le garde-chasse de M. Ferrand interdit à M. de Boissy et à ses invités de chasser sur leurs terres. Cette plainte débouche par la division, le 8 novembre 1720, du territoire de chasse de la paroisse en deux, suite au jugement rendu par M. de Gaillon Lieutenant des Maréchaux de France. Le titre et la fonction de Haut Justicier permet de neutraliser ce jugement, d’où les démarches effectuées à partir de ce moment par M. Ferrand de Cossay.
M. Ferrand renouvelle sa requête en 1725. Celle-ci est accueillie plus favorablement (ce changement d’analyse et de position des officiers du baillage de Meulan restera pour toujours un mystère). Le 26 août 1726, M. de Boissy et M. de Gars seigneur de Frémainville tentent de la faire échouer. Ils font savoir que, propriétaires de terres sur le terroir de la paroisse d’Avernes, ils s’y opposent fermement. Ce sera la dernière bataille. Les officiers du baillage de Meulan consentent à céder leur charge et le 9 avril 1727 ; le Duc de Sully seigneur engagiste du Domaine et Comté de Meulan consent à céder la justice d’Avernes contre la somme de 10.000 Livres. En juin, le Roi Louis XV procède à l’établissement de la justice d’Avernes.
La salle d’audience est installée dans le bâtiment se trouvant à gauche de la porte d’entrée de « la grande ferme » où l’on peut remarquer les pierres de taille de la porte d’entrée, aujourd’hui murée. Elle nous laissera le nom actuel de la rue. La potence est réinstallée sur le sommet dominant le village (endroit aujourd’hui utilisé comme terrain de ball trap), l’emplacement choisi est celui des ruines d’une villa romaine du IVe siècle, où seront tirées les pierres formant la base du gibet.
Le choix est judicieux : de tout endroit du terroir d’Avernes le monument est visible (son action dissuasive est excellente ou les habitants d’Avernes très sociables : il n’y aura, pendant toute l’existence de la justice d’Avernes, aucune condamnation à exécution). De plus l’endroit est incultivable. Sur le cadastre actuel le lieu est toujours mentionné sous l’appellation «la remise de la justice».
Le 23 septembre 1727 le Lieutenant Général du baillage de Meulan vient inspecter et vérifier que la justice peut être rendue décemment (vérification de la salle d’audience, des fourches patibulaires ainsi que la compétence des juges et du personnel). La justice d’Avernes fonctionnera jusqu’à la Révolution, date à laquelle toutes les justices locales seront abolies.
Avernes fera partie dorénavant de la juridiction de Pontoise.
Extrait de l’article de Michel Thomas paru dans le bulletin municipal de juin 1997.
1794
Ferdinand de Caix, le dernier prieur d’Avernes 1735-1794
Ferdinand de Caix naquit le 6 septembre 1735, à Ainval (Somme), le quatrième de sept enfants. Il était fils de Félix de Caix et de Marie-Anne Lepage. Celle-ci mourut veuve, à Frémainville, le 21 juillet 1784. La famille paraît avoir été de bonne bourgeoisie : un de ses frères fut officier, un autre religieux. Ses livres de compte nous le révèlent comme un prêtre suffisamment à son aise.
Nous ignorons où il fit ses études. En tout cas, elles furent poussées très loin. Ses connaissances en théologie et en philosophie semblent fort étendues. Parmi ses papiers conservés aux Archives se trouvent plusieurs sermons, études et cours en latin.
En 1764, il était Chanoine régulier profès à l’Abbaye de Saulseuse (Eure). Peu après, en octobre 1766, il était nommé vicaire d’Avernes qui en dépendait. Son curé, François Violette, ne lui fit pas attendre la place trop longtemps ; il mourut, en effet, le 17 janvier 1768, et de Caix devint curé. Il devait le rester 25 ans. De toutes ses forces, il se donne à sa paroisse, tant sur le plan spirituel que temporel : il s’occupe de trois confréries, prêche, organise en détail les cérémonies, tient toute la comptabilité, fait réparer l’église. Toutes ces occupations ne l’empêchent pas de réfléchir à l’état moral et matériel du Clergé rural. Peu avant 1789, il consigne ses réflexions en un Mémoire de 17 pages, extrêmement agressif envers les Abbés et gros décimateurs qui absorbent les biens du Clergé et ne les font servir, dit-il, qu’à nourrir leur mollesse et à entretenir un faste insultant. Après avoir tracé un tableau poignant de la détresse matérielle des églises de campagne, où l’on ne voit que des tableaux déchirés, des linges rapetassés et des ornements pourris, il aborde la question, si grave, des dîmes. Il vitupère les inutiles du Clergé qui s’engraissent, dit-il, aux dépens des pauvres curés, et verrait avec ravissement l’excédent disponible des dîmes servir aux gages d’un chirurgien qui soignerait gratuitement les pauvres malades.
Il se plaint de ce que les dignités ecclésiastiques sont données à la naissance, et que les simples curés en soient exclus.
De Caix, enfin, réclame la restitution des dîmes aux curés, et le libre choix par eux du maître d’école.
Ce réquisitoire fut reproduit en partie, mais très atténué, dans le Cahier de doléances du Clergé, dont le rédacteur fut de Caix lui-même.
De Caix avait écrit très démocratiquement, au chapitre “Constitution des Etats Généraux”, “Qu’on recueille les suffrages par tête et non par ordre : les députés des différents ordres devant se regarder non comme des députés de leur ordre, mais comme ceux de la Nation entière”.
L’assemblée du Clergé du Bailliage eut lieu le 9 mars, à Mantes. Bien que rédacteur du Cahier, ce ne fut pas de Caix qui fut élu député, mais le curé de Flins.
De Caix revient à Avernes. Le 11 décembre 1790, il fit la déclaration des biens de la Cure. Il y spécifia qu’il exploitait lui-même 51 arpents de terre, 2 de bois et un d’osier qui lui rapportaient 905 livres. Sa dîme valait 9 754 livres. Tous frais déduits, son revenu était de 6 343 livres. Il vendait sa paille aux petites gens qui ont ainsi de la litière pour leurs vaches “qui leur épargnent le chauffage car le petit peuple pouvait se retirer dans leur étable pour profiter de la chaleur de leurs bestiaux”.
Profondément attaché au Pape, le curé d’Avernes ne se pressa pas de lire la première lettre pastorale du nouvel évêque Avoine (juin 1791), ce qui le fit déjà mal voir de la municipalité, et ce n’est que le 14 octobre 1792 qu’il prêta à la République un serment très vague et atténué.
Il continua ensuite son ministère sous le contrôle du Comité de surveillance de Pontoise.
Le 8 Nivôse An II fut déposée contre de Caix une dénonciation anonyme. Il y était dit janséniste, frère d’émigré, et de convictions tièdes. On l’accusait d’entretenir le fanatisme en recevant les habitants à sa messe, et en faisant faire la première communion à des jeunes filles. Il avait même, paraît-il, amené sa Municipalité “dindonnière” à faire du premier Décadi (10e jour du calendrier républicain) une fête religieuse.
Claude Vannier, l’Agent national du district, ayant demandé confirmation de ces commérages, ce fut Jean-Batiste Potiquet, maître d’école à Avernes, ancien chantre, ancien greffier de la commune, devenu, le 9 Pluviôse An II, vice-secrétaire du Comité Révolutionnaire de Pontoise, qui fut chargé de l’enquête.
Il attesta l’exactitude des faits contenus dans l’écrit anonyme. Il ajouta même que de Caix n’était pas “à la hauteur de la révolution”, qu’il cherchait à induire les citoyens en erreur et à les persuader que l’acte civil du mariage devait se renouveler par le ministère des prêtres.
Le curé d’Avernes fut arrêté le 20 Nivôse An II et conduit à Pontoise. Interrogé le 26 Pluviôse, il avoua qu’en effet il avait fait faire la première communion à des jeunes filles, sur la demande de leurs parents, et que conformément à la loi, dans ses sermons sur le mariage, il préconisait le mariage chrétien après le mariage civil. Il languit encore longtemps en prison. Mais le 20 Messidor An II, un arrêté de Crassous le fit transférer à Paris, à Port-Royal. Le 7 Thermidor suivant, brusquement englobé dans la Conspiration des prisons, il fut jugé et guillotiné le 8, en noble compagnie : il mourut le même jour que l’Evêque d’Agde, le duc de Clermont-Tonnerre, le marquis de Crussol d’Amboise, Madame de Monaco et de 22 autres condamnés, dont le plus âgé avait 81 ans, et la plus jeune, 21 ans.
D’après Henri Lemoine, archiviste départemental.
Pendant la période révolutionnaire le culte de la déesse Raison fut établi dans l’église d’Avernes, d’où l’inscription Liberté-Égalité-Fraternité gravée sur le porche. Une jeune enfant, fort jolie, paraît-il, fut choisie à cet effet, Marianne Potiquet, née en 1783 et décédée munie des sacrements de l’église en février 1870…
L’abbé Imbert, vicaire d’Avernes de 1790 à 1793 fut nommé prêtre constitutionnel pendant cette période. D’après les actes de baptême, les Avernois s’adressaient de préférence à l’abbé Bertaux curé de Wy-dit-joli-village ou à M. Biache, curé de Théméricourt. En 1802, après le Concordat en attendant l’arrivée du premier curé résidant, M. l’abbé Ménard, curé de Frémainville vient desservir la paroisse jusqu’au 20 novembre, jour où M. l’abbé Prépaud prend possession de la cure.
A partir de cette date le culte catholique est rétabli dans l’église d’Avernes.
Si vous visitez la Conciergerie à Paris, un des plus beaux monuments anciens de notre capitale qui nous replonge dans l’histoire de la Révolution, vous trouvez dans une salle la liste de tous ceux qui ont été guillotinés sous la Terreur. Et on y voit le nom de De Caix, ci-devant curé.
1836
L'incendie de 1836
Au début de l’hiver 1836, en pleine nuit, une maison de la rue de l’église prend feu.
Immédiatement chacun se sent mobilisé et vient en secours. Les moyens matériels de l’époque sont dérisoires : ce sont les hommes se passant les seaux d’eau et l’utilisation des tonnes agricoles (ces internes remplies manuellement et pouvant transporter 1 000 litres, d’où le nom).
Malgré tous ces efforts, le feu se communique et embrase les huit maisons.
Les sinistrés ont le temps de s’enfuir. Pas de victime, par contre les dégâts dans les maisons sont considérables : plus de charpentes, plus de portes, plus de fenêtres, plus de mobilier… plus rien !
Immédiatement toutes les personnes sinistrées sont recueillies et hébergées par des familles avernoises.
La population d’Avernes pousse plus loin sa générosité, on s’empresse de déblayer les décombres encore fumants. Tous les habitants, les riches comme les pauvres, se mettent à l’œuvre et grâce à leur concours empressé, les maisons de la rue de l’église sont reconstruites en quelques mois.
Ce courage et cette solidarité émeuvent au-delà du village, comme le prouve ce reçu trouvé dans les archives de M. l’abbé Chandellier, curé de Rosny. Celui-ci mis au courant des faits (il était propriétaire à Avernes des biens ayant appartenu à M. de Montenol) demande le secours de ses paroissiens.
En 1899, rappelant ces faits Eugène Videcocq, instituteur à Avernes donnait son sentiment sur la solidarité toujours aussi forte des Avernois :
“Depuis neuf ans, nous avons eu l’occasion d’apprécier la caractère généreux de la population d’Avernes et nous avons pu acquérir la conviction que si pareil malheur venait l’affliger de nouveau, les sentiments magnanimes de dévouement et de solidarité qui se sont manifestés il y a soixante trois ans se renouvelleraient de nos jours.”
Les Avernois donnèrent à la rue, le nom de “rue brûlée” avant qu’elle ne reprenne officiellement celle de “rue de l’église”, nom qu’elle porte de nos jours.
Je soussigné curé desservant de la paroisse d’Avernes reconnaît avoir reçu de M. Noël, marchand de vache à Avernes, pour le compte de Monsieur l’abbé Chandellier de Rosny, la somme de cinquante francs montant de la souscription de Monsieur Chandellier pour les incendiés de la commune d’Avernes.
Avernes le 22 Dbre 1836
1899
La première monographie d'Avernes
Les auteurs de ces monographies sont les instituteurs qui ont répondu à la demande administrative de leur hiérarchie de rédiger une étude communale.
Celle d’Avernes, rédigée par l’instituteur M. Eugène VIDECOQ, et achevée le 24 septembre 1899, est richement documentée. C’est un fascicule de 104 pages illustrées.
1944
La libération d'Avernes
Plus de 60 ans se sont écoulés depuis ces événements et beaucoup de ceux qui en furent les témoins ou les acteurs nous ont quittés. Heureusement les témoignages qu’ils ont donnés et ceux des survivants nous permettent de connaître cette page d’histoire.
Arrivées à Mantes le samedi 19 août 1944 les troupes américaines s’installent sur la rive gauche de la Seine : deux régiments US, les 313e et 314e régiments d’infanterie, passent la Seine avec quelques blindés et une artillerie réduite. Après une bataille sur la rive droite à Limay ils installent une tête de pont et lancent des patrouilles qui ne rencontrent pas de résistance. Les soldats de la Wehrmacht s’enfuient. La patrouille la plus avancée arrivera à Arthies.
Immédiatement la nouvelle se répand dans tous les villages environnants. Les américains sont là, la population se croit libérée.
D’autre part, pour permettre le retrait de leurs troupes de Normandie l’État Major allemand décide une contre offensive. Avertis de leur arrivée prochaine, les Américains se replient.
Le mardi 22 août la 1eSS Panzerkorps renforcée par la 6e unité parachutiste et le reste de deux divisions de la Wehrmacht contre-attaquent et contiennent la poussée américaine sur un front qui passe par Brueil-en-Vexin, Sailly, Drocourt. La bataille durera plusieurs jours, une bataille de chars et d’artillerie. Un exemple du déluge de feu : nous savons par les rapports de l’armée américaine que dans la nuit du vendredi 25 il sera tiré par l’artillerie 4600 obus de 105 mm et 1048 obus de 155 mm.
La 1eSS Panzerkorps est équipée du nouveau char Koenigstiger (le tigre royal). C’est un char lourd de 68 tonnes. Son blindage le rend pratiquement invulnérable au tir de l’artillerie. Son point faible est sa consommation excessive en carburant.
Des éclats de voix en langue allemand réveillent les habitants des maisons de la cavée… Ils sont revenus ! Tout le long du talus de la voie ferrée une unité de parachutistes se repose avant de faire mouvement vers les bois de Galluis.
Avernes est la base arrière de ravitaillement des blindés allemands. À la ferme de Chantereine est installé un dépôt d’essence et de munitions pour ravitailler ; les chars restent au bout du chemin au coin de la rue du Clos Prigent et de la départementale. C’est une main d’œuvre avernoise qui est chargée du travail. Les hommes ont été réquisitionnés sans qu’ils n’aient à donner leur avis, les soldats sont passés dans les maisons, les ont fait sortie des caves et les ont emmenés. Il s’agit de rouler les fûts de 200 litres d’essence pour faire le plein des chars et de les approvisionner en obus de 88 mm.
Le lundi 28 août les Allemands reculent sous un déluge d’obus. Le front progresse vers Avernes qui se trouve maintenant dans la zone de tir. Les habitants ne quittent plus les caves où ils ont trouvé refuge.
Voici ce que racontait monsieur Roger Delacourt…
Nous nous étions réunis avec la famille Petit dans la cave du 7, rue de Gadancourt car celle-ci est plus profonde que celle du 9. Nous avions amené de la nourriture et de la boisson, des poutres pour étayer, une pioche et une barre à mine pour se désobstruer en cas d’éboulement. On entendait les explosions des obus sur le Saugé et la Jolivette.
Dans les prés dominant le cimetière, les vaches en pâture seront décimées par les obus fusants (ce sont des obus à fragmentation qui explosent en altitude et dispensent en pluie leurs éclats).
Le mardi 29 août, les premiers soldats américains atteignent Gadancourt. A l’entrée du village ils sont pris sous le feu d’une mitrailleuse. Un soldat est tué. Les américains font intervenir l’artillerie. L’église, le château et de nombreuses maisons sont endommagés. Le soir venu les troupes américaines s’installent dans le bois des Allées. Les éléments les plus avancés sont arrivés à Avernes et se sont installés dans la cavée. Ils attendront le matin et l’arrivée des forces venant de Frémainville pour investir le village.
Décrochant de Frémainville où une bataille importante a eu lieu (au niveau de la distillerie et du cimetière) les Allemands se retranchent dans la carrière de la rue Valette, au lieu dit “le four à chaux” et au “bois arraché”. Dans ce même bois en juin 1940 une unité de l’armée française se retranche sur la lisière nord, met en batterie un canon de 37 mm antichar pour tenter de stopper l’avancée des blindés allemands. Repérée par ceux-ci elle est anéantie : il y aura 5 morts. Quatre ans après, c’est sur la lisière sud que les allemands se retranchent. Durant leur repli il y aura deux morts : un officier au lieu dit “les Gatz” et un soldat. Les jambes coupées par un obus, il agonisera dans le fossé en face de la route d’Enfer.
Le mercredi 30 août, c’est sous une pluie battante que se déroulent les combats. Au 76, Grande rue plusieurs familles sont réfugiées dans la cave. Soudain, descendant l’escalier, surgit un SS trempé et épuisé, menaçant de son pistolet les hommes de l’assemblée. Puis il s’assoit, le pistolet toujours à la main et, après un temps paraissant interminable, déclare dans un français impeccable : “Dans une demie heure tout sera fini pour vous”. Il rengaine son pistolet, se lève et remonte l’escalier. Parvenu à l’extérieur il retire son poignard d’apparat SS, le jette dans les buissons et s’en va vers son destin…
Un soldat américain est tué d’une balle dans la tête devant la petite porte de l’orphelinat rue Valette, alors qu’il voulait prendre à revers les Allemands installés dans les carrières. Sept soldats allemands périront. Ils seront enterrés dans l’angle gauche du cimetière. Les corps seront relevés par les autorités allemandes plusieurs années après.
Avernes est libre. La bataille, poursuivie le même jour sur les communes de Vigny et du Perchay sera le dernier engagement important en Vexin.
Ce jour, le 30 août, les forces alliées (au sein desquelles participent des éléments de la 2e DB), venant de Paris, passant par Persan-Beaumont, libèrent Beauvais. Le 31, la Somme est atteinte, ses ponts sont intacts. Deux jours après, le 2 septembre, Dieppe est libérée par les Canadiens. C’est cette situation stratégique qui explique la retraite des troupes allemandes tentant d’échapper à l’encerclement.
Dans leur repli, un très important matériel est abandonné. Au lieu dit “Les Groues” un char Tigre sera sabordé et abandonné. Plusieurs années après des ferrailleurs le découperont pour l’emporter.
Les prisonniers sont regroupés sur la place du marché. Le lendemain un soldat allemand couvert de boue est retrouvé dans le trou où il s’est enterré pour se protéger. Il se rend à la population pour rejoindre ses camarades.
La population avernoise est sortie indemne des combats. Une tragédie arrivera plus tard. Partout sur le territoire de la commune gisent des obus et du matériel militaire abandonnés. Celui-ci est ramassé et regroupé près de la gare d’Avernes. Le malheur a voulu que cinq enfants soient entrés dans le dépôt et aient essayé de démonter un obus, le faisant exploser. Ils seront blessés et une petite fille, Rolande Griez, grièvement atteinte décédera le soir même.
Les destructions furent heureusement modérées. Le clocher de l’église fut endommagé, les Allemands l’ayant transformé en poste d’observation et de tir. Une maison située Grande rue, près de la poste, fut touchée par un obus. C’est certainement le très mauvais temps qui explique ce fait, celui-ci empêchant l’aviation d’intervenir.
Merci à Madame Denise CAILLIÉ et Monsieur Alfred BARTHÉLÉMY pour leurs témoignages.
Pierre SIMON
6 avenue de Campagnan
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Tel 04 67 25 23 47
Courriel : pierre.simon0315@orange.fr
La libération d'Avernes vu par P.Simon
Mes parents arrivèrent à Avernes début 1937, mon père y étant nommé Facteur Receveur des PTT. J’avais alors moins de trois ans. Ils y vécurent l’immédiat avant guerre, la guerre et l’occupation, la Libération et la période économiquement difficile qui suivit. Fin 1951, mon père fut promu Receveur à Mailly-Champagne (Marne) et nous quittâmes Avernes.
J’y ai donc passé toute mon enfance, ma sœur et mes deux frères y sont nés, je m ‘y suis fait mes premiers copains, j’y ai vécu mes premières expériences heureuses et malheureuses.
C’est pourquoi ce village, tel que je l’ai connu à cette époque, est resté cher à mon cœur et j’éprouve beaucoup de plaisir et de nostalgie à l’évoquer ici.
La libération d’Avernes
Avernes, petit village du Vexin situé au nord de la Seine, fut le théâtre de combats assez violents entre les troupes américaines et les Allemands désireux de les contenir. La libération du village lui-même dura une bonne demi-journée. Les Américains y perdirent un soldat et les Allemands eurent quelques tués avant de se rendre ou de se replier. Mais auparavant, nous entendîmes les bruits de la bataille pendant plusieurs jours et assistâmes aux mouvements des unités allemandes qui occupaient ou traversaient le village.
Quelques semaines avant la libération, nous fûmes témoins de deux évènements remarquables. Le premier, un combat aérien entre un spitfire de la RAF et un chasseur allemand, se déroula sous nos yeux, au-dessus d’Avernes. L’Anglais abattit son adversaire qui s’abîma dans les champs à quelques centaines de mètres de l’agglomération. Des Allemands stationnés dans le village partirent en toute hâte secourir leur camarade, qu’ils ramenèrent sain et sauf. Nous étions malgré tout, très fiers de la victoire de notre champion.
Le second s’avéra moins heureux, puisqu’un avion bi fuselage toujours de la RAF, fut à notre grand dépit, abattu à 2 ou 3 kilomètres du village. Le lendemain des Avernois travaillant dans les champs, renseignèrent deux grands gars en civil, au fort accent canadien, qui souhaitaient s’éloigner au plus vite de la zone et se cacher en attendant d’être secourus.
Malgré l’interdiction de nos parents et de l’institutrice Madame Gédet qui nous avait fait la leçon en classe, notre curiosité nous poussait à approcher les Allemands cantonnés dans le village. Un jour que l’un d’entre eux cassait la croûte en notre présence, il nous tailla à chacun une grosse tranche de pain bis, y tartina du beurre puis du pâté et nous la donna. Je ne sais plus si nous l’avons remercié, mais je me souviens que nous dévorâmes notre tartine de bon cœur, n’étant pas habitués à manger ensemble sur du pain, du beurre et du pâté.
Toujours à la même période, mon père qui cultivait en plus du sien, le jardin du père Thibault situé à la sortie ouest du village, s’aperçut un jour qu’un canon anti-char allemand était dissimulé, avec ses servants, derrière la barrière dudit jardin, face à la route allant vers Meulan. Il se hâta de partir et n’y revint qu’après la libération du village, pour constater que l’engin avait été détruit sur place.
Les combats se rapprochent, il y a beaucoup de militaires allemands dans le village. Ce jour là j’assiste avec mes copains route de Meulan, à une scène inédite. Une vingtaine de soldats reviennent de la direction du front. Ils paraissent fatigués et donnent l’impression de ne plus vouloir combattre. A l’entrée du village, ils se heurtent à un gradé furieux qui les harangue méchamment. Après un moment, ils repartent vers la zone des combats, accompagnés du gradé.
Quelques jours après, les combats se rapprochèrent de notre village. Un obus « égaré » ayant détruit une partie du mur séparant le fond de notre jardin de celui de M. Thibault et du presbytère, papa décida de creuser une tranchée pour nous y abriter en cas de besoin. Je participai évidemment à l’opération, convaincu d’aider mon père.
En fait, cet abri ne fut jamais terminé. Quelques jours après, l’attaque des Américains nous obligea à aller nous réfugier avec d’autres, chez M. Papin propriétaire du marché/ rue de Gadancourt, qui possédait une cave solide et sûre. Nous y avons vécu deux ou trois jours, je ne m’en souviens plus. Mon père allait chaque matin au bureau de Poste occupé par des Allemands, pour s’assurer que tout était en ordre.
Le jour de la libération, nous entendons dans la cave le bruit des combats. En début d’après midi il pleut et nous regardons la grande place devant le café, face à la ferme Duval. Nous apercevons alors des soldats vêtus d’imperméables verts, guêtrés et coiffés de casques recouverts de filets alors inconnus de nous. Lorsque nous voyons que ces hommes poussent devant eux des Allemands désarmés levant les bras, les adultes de notre groupe comprennent qu’ils regardent nos libérateurs. Ils se précipitent alors vers eux pour les voir de plus près. Nous les enfants, nous n’avons évidemment pas le droit de les accompagner. Mais j’assiste de loin à la destruction des fusils allemands récupérés, très intéressé par ce spectacle insolite. Ceux-ci sont placés à cheval sur la chaussée et le trottoir, puis un soldat américain en brise la crosse d’un coup de talon violent.
Le lendemain matin de ce jour mémorable, mon père retourna au bureau de poste pour inspecter la maison afin de s’assurer que rien ne manquait et préparer la réinstallation de la famille. Dans la cave il découvrit deux Allemands qui s’y cachaient. Il les connaissait, car ils appartenaient au groupe de militaires occupant le bureau de Poste. Ils lui firent comprendre qu’ils voulaient se rendre. Papa alla donc chercher des soldats américains stationnés non loin de là et c’est ainsi, que mon père fit sans arme, deux prisonniers pendant la Seconde guerre mondiale.
Dans les jours qui suivirent, chacun raconta ce qu’il avait vu lors de cette journée exceptionnelle. Nous apprîmes ainsi, qu’à quelques dizaines de mètres du bureau de Postes, un Allemand retranché bloquait la progression des libérateurs dans la rue principale, à la hauteur de la menuiserie Danger. Pour en finir, Il fallut qu’un Américain, caché derrière les persiennes fermées d’une fenêtre du premier étage de notre maison, le tue d’un coup de fusil. Pour ce faire il avait enlevé une lamelle d’un des volets. La dernière fois que je suis allé à Avernes, en juin 1986, cette lamelle manquait toujours au volet.
Avernes eut aussi sa femme tondue. Les jours suivant la Libération, apparurent des FFI de fraîche date, qui à défaut de combattre les Allemands déjà partis, s’en prirent à une malheureuse ayant poussé la collaboration peut-être un peu loin, en accueillant chez elle des soldats ennemis. Au milieu du village, leur brassard tricolore bien apparent, ils firent asseoir la pauvre femme sur une chaise et, devant des spectateurs approbateurs, la tondirent totalement. L’opération terminée, ils lui rendirent sa liberté et elle se sauva en pleurs, sous les quolibets. A peine âgé de dix ans à l’époque, j’avais assisté intéressé à cet évènement inédit, qui m’avait paru alors dans l’ordre des choses.
Pendant les semaines qui suivirent la Libération, de nombreux convois américains traversèrent le village, montant vers le front. Il faisait très chaud et nous avions beaucoup de tomates au jardin cette année là.
Je me souviens. Je suis installé devant la Poste avec un cageot de tomates devant moi et j’en offre aux militaires qui de temps à autre s’arrêtent. En échange, je reçois des cigarettes, du chocolat ou des conserves que je vais porter triomphalement à Maman.
Je me souviens également d’un jour ou des hommes de la police militaire stationnèrent un moment devant le bureau de Poste, peut-être pour régler la circulation. Je suis sorti et, debout au côté d’un de ces militaires, je regarde passer les camions et blindés américains. Pour me faire plaisir sans doute, il me pose son casque sur la tête et me met sa carabine entre les mains, désarmée évidemment. Quelle fierté pour un enfant de 9 ans et demi !
Pierre SIMON
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LES SOURCES D’AVERNES
Situé au creux de vallons, le village possède de nombreuses sources. Cette particularité lui a valu son nom. Avernes est dérivé de “Vergne”, nom gaulois de l’aulne, arbre poussant sur les terrains humide d’où Avernes : “endroit où poussent les aulnes”.
Les principales sources sont : La Douée, la Perreuse, le Puits Perdu…
Sous le Second Empire, de grands changements économiques, sociaux et techniques se produisent. La ligne de chemin de fer Paris-Mantes-Rouen est en service, ce qui permet d’assurer les liaisons avec Paris beaucoup plus rapidement que par les équipages hippomobiles. Le village est en plein essor grâce, entre autre au développement, place du marché, de la “laiterie-crémerie “.
Dans le souci d’améliorer le confort de la population et l’économie d’Avernes, la municipalité décide en 1866 de doter la commune d’eau potable. Pour ce faire, le choix se porte sur la source de la Perreuse.
En 1868, une retenue et un bac de décantation sont construits. Une canalisation vient alimenter une pompe dans chaque quartier du village, chaque habitant peut prendre une concession afin d’avoir l’eau à domicile.
Le coût des travaux s’est élevé à 9392 Francs, coût largement amorti grâce aux revenus des concessions : durant les premières années, ces revenus sont de 300 F.


Ils augmentent chaque année, pour atteindre 730 F en 1898 et encore davantage les années suivantes car les demandes de concessions sont de plus en plus nombreuses.
Les années passant, d’une part l’installation devient vétuste et, d’autre part, le débit ne suffit plus à répondre au besoin croissant des Avernois.
Le captage de la Perreuse est abandonné, c’est la Douée qui est judicieusement choisie en raison de son fort débit.
La douée : ce nom également d’origine gauloise, vient de Duix : “la grande fontaine, la source sacrée “. La Douée est la source du ruisseau de l’Aubette (du latin alba : aube : la blanche : la pure).
Le très fort débit de la Douée permet encore de nos jours son pompage et la distribution d’eau pure à tous les villages du canton.
C’est une des dernière sources non polluées par les nitrates et espérons pour nos enfants qu’elle le reste encore longtemps…
Une autre source, à faible débit, se trouve au carrefour des routes d’Enfer et de Meulan, l’eau provenant de cette source s’écoule derrière l’église où elle alimente la mare au Prieur (couramment nommée par les villageois, la Mare au Curé) et son petit lavoir.
Cette source fut longtemps captée et pompée pour les besoins du Château d’Avernes, alors Orphelinat National des Chemins de Fer.

DECOUVREZ LE HAMEAU DE GADANCOURT
Cette commune a fusionné avec Avernes le 1er janvier 2018.
Le petit hameau de Gadancourt a une position dominante exceptionnelle qui ne correspond pas à une origine de groupement villageois, mais plutôt à l’implantation d’une abbaye dans un site isolé et à défricher.
L’habitat venu plus tardivement ne s’est jamais développé, le site propre du village limitant son extension. Peu protégé des vents, le village a gardé un environnement végétal très dense.
A Gadancourt, l’habitat n’est pas rigoureusement en continu comme la plupart des villages du Vexin français. Cependant, la continuité construite, formée par de magnifiques murs de pierre, assure l’unité d’ensemble, et l’on peut, pour cette raison, dire que l’organisation urbaine du village est de type groupé.
C’est l’îlot central, délimité par les rues des Faubourgs, rue des Bruyères et rue Octave de Boury, qui est le plus fermé.
Des murs en pierre de 0,5 m à 2 m de haut laissent difficilement entrevoir les espaces libres intérieurs tels que cours, jardins et espaces non aménagés.
Les habitations sont relativement petites, l’ensemble étant dominé par le château et ses vastes dépendances, ainsi que par une grande ferme d’exploitation.
La mail gazonné et planté de tilleuls qui entoure l’église, le prolongement de la rue principale par une vaste allée de tilleuls, la perception des bois derrière les masses construites font exceptionnellement de ce village un ensemble mi-minéral, mi-végétal, le végétal (arbre et sol gazonné) ayant tendance a dominer le minéral.